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Un Homme solidaire - deuxième soirée de carême

"Ce qui vous a été annoncé et ce que vous avez entendu dès le commencement, c’est que nous devons nous aimer les uns les autres, et ne pas ressembler à Caïn, qui était du malin, et qui tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il ? parce que ses œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes. Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait. Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quiconque hait son frère est un meurtrier, et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. Nous avons connu l’amour, en ce que celui-là a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères. Si quelqu’un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité." (1 Jean 3, 11-18)

 

La semaine dernière, nous avons vu combien Dieu voulait faire de nous des femmes et des hommes nouveaux. « Cela est fait » disait l'Apocalypse avec force et en même temps, cela « sera ». Et je vous disais que c'était une des conséquences de la liberté dont Dieu a voulu nous doter. Dieu ne nous force pas à accepter cette nouveauté qu'il peut réaliser en nous; Dieu ne nous force pas à « ré-intégrer » notre beauté première.

Mais, ce projet que Dieu a pour nous, il l'a pour chaque habitant de ce monde. Cette envie de Dieu s'étend à toute l'humanité. Tant qu'un homme ne sera pas sauvé, Dieu n'aura de cesse de « laisser le troupeau pour aller chercher la centième brebis, celle qui s'est égarée ». Et, je vous l'ai dit la semaine dernière, Dieu n'agit pas seul, il agit à travers nous qui sommes ses mains aujourd'hui. On ne peut donc pas parler d'un homme nouveau, sans parler automatiquement d'un homme solidaire.  C’est le thème de notre deuxième soirée.

 

Ce qui vous a été annoncé et ce que vous avez entendu dès le commencement, c’est que nous devons nous aimer les uns les autres, et ne pas ressembler à Caïn, qui était du malin, et qui tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il ? parce que ses œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes.

 

Vous l’avez remarqué : le mot « frère » revient souvient souvent dans ce texte, il y revient 7 fois (chiffre de la plénitude).  C’est même le texte de la première lettre de Jean où il revient le plus souvent.  Par ailleurs, le texte fait référence à l’histoire de Caïn et d’Abel (Genèse 4, 1-16) ; et dans ce texte aussi, ce mot « frère » se retrouve aussi sept fois.

 

 

"Ce qui vous a été annoncé et ce que vous avez entendu dès le commencement, c’est que nous devons nous aimer les uns les autres, et ne pas ressembler à Caïn, qui était du malin, et qui tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il ? parce que ses œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes. Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait. Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quiconque hait son frère est un meurtrier, et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. Nous avons connu l’amour, en ce que celui-là a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères. Si quelqu’un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité." (1 Jean 3, 11-18)

 

La semaine dernière, nous avons vu combien Dieu voulait faire de nous des femmes et des hommes nouveaux. « Cela est fait » disait l'Apocalypse avec force et en même temps, cela « sera ». Et je vous disais que c'était une des conséquences de la liberté dont Dieu a voulu nous doter. Dieu ne nous force pas à accepter cette nouveauté qu'il peut réaliser en nous; Dieu ne nous force pas à « ré-intégrer » notre beauté première.

Mais, ce projet que Dieu a pour nous, il l'a pour chaque habitant de ce monde. Cette envie de Dieu s'étend à toute l'humanité. Tant qu'un homme ne sera pas sauvé, Dieu n'aura de cesse de « laisser le troupeau pour aller chercher la centième brebis, celle qui s'est égarée ». Et, je vous l'ai dit la semaine dernière, Dieu n'agit pas seul, il agit à travers nous qui sommes ses mains aujourd'hui. On ne peut donc pas parler d'un homme nouveau, sans parler automatiquement d'un homme solidaire.  C’est le thème de notre deuxième soirée.

 

Ce qui vous a été annoncé et ce que vous avez entendu dès le commencement, c’est que nous devons nous aimer les uns les autres, et ne pas ressembler à Caïn, qui était du malin, et qui tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il ? parce que ses œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes.

 

Vous l’avez remarqué : le mot « frère » revient souvient souvent dans ce texte, il y revient 7 fois (chiffre de la plénitude).  C’est même le texte de la première lettre de Jean où il revient le plus souvent.  Par ailleurs, le texte fait référence à l’histoire de Caïn et d’Abel (Genèse 4, 1-16) ; et dans ce texte aussi, ce mot « frère » se retrouve aussi sept fois.

 

L’homme s’unit à Ève, sa femme : elle devint enceinte, et elle mit au monde Caïn. Elle dit alors : « J’ai acquis un homme avec l’aide du Seigneur ! » Dans la suite, elle mit au monde Abel, frère de Caïn. Abel devint berger, et Caïn cultivait la terre. Au temps fixé, Caïn présenta des produits de la terre en offrande au Seigneur. De son côté, Abel présenta les premiers-nés de son troupeau, en offrant les morceaux les meilleurs. Le Seigneur tourna son regard vers Abel et son offrande, mais vers Caïn et son offrande, il ne le tourna pas. Caïn en fut très irrité et montra un visage abattu. Le Seigneur dit à Caïn : « Pourquoi es-tu irrité, pourquoi ce visage abattu ? Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? Mais si tu n’agis pas bien…, le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer. » Caïn dit à son frère Abel : « Sortons dans les champs. » Et, quand ils furent dans la campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. Le Seigneur dit à Caïn : « Où est ton frère Abel ? » Caïn répondit : « Je ne sais pas. Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ? » Le Seigneur reprit : « Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi ! Maintenant donc, sois maudit et chassé loin de cette terre qui a ouvert la bouche pour boire le sang de ton frère, versé par ta main. Tu auras beau cultiver la terre, elle ne produira plus rien pour toi. Tu seras un errant, un vagabond sur la terre. » Alors Caïn dit au Seigneur : « Mon châtiment est trop lourd à porter ! Voici qu’aujourd’hui tu m’as chassé de cette terre. Je dois me cacher loin de toi, je serai un errant, un vagabond sur la terre, et le premier venu qui me trouvera me tuera. » Le Seigneur lui répondit : « Si quelqu’un tue Caïn, Caïn sera vengé sept fois. » Et le Seigneur mit un signe sur Caïn pour le préserver d’être tué par le premier venu qui le trouverait.

 

Cela peut apparaître comme un simple hasard ... mais Jean, maitrisant les Écritures, il y a plutôt de la chance qu'il ait écrit ce texte en faisant une « construction », (comme la semaine dernière, je vous parlais de la Pentecôte qui est un anti-Babel). C'est une manière habituelle d'agir chez les Sémites.

Cela veut nous dire tout simplement que vivre avec ses frères n'est jamais une réalité évidente, une réalité qui va de soi; que nous ne sommes pas des « aimants », des hommes de solidarité automatiquement. Dès que deux hommes vivent côte à côte, il y a un risque évident de jalousie, de rivalités, de conflit.  Avant de devenir des solidaires, nous sommes d’abord des jaloux.

Jean va donc nous dire comment devenir des femmes et des hommes solidaires.

 

Il le dit d'abord de façon négative : « Pas comme Caïn », puis de façon positive, quelques lignes plus bas : comme « celui-là » Celui-là, vous l'avez compris, c'est Jésus, tout simplement.

Caïn se sentait menacé par Abel qui semblait être le « chouchou » de son père. C'est historiquement le combat entre les éleveurs et les agriculteurs. Nous sommes dans une civilisation sémite et donc, l’élevage y est prédominant, puisqu’on « ne reste pas sur place ».  (L'anthropologie nous dit qu'il y a quatre grands types de civilisations : les cueilleurs, les chasseurs - au paléolithique - puis les agriculteurs, les éleveurs - quand l'homme est capable de transformer et de gérer -.)

 

Se sentant menacé par Abel, Caïn veut donc l'éliminer.

Et « celui-là », Jésus, comment a-t-il fait ?

Sa vie terrestre (de cueilleur-chasseur), il a pu la donner pour les autres.

Caïn vivait donc dans une situation de mort : tout finit par mourir et on fait mourir ceux qui nous menacent.

Jésus « celui-là » renverse la vapeur. 

Grâce à lui nous sommes établis dans la vie : « nous sommes passés de la mort à la vie » (v. 14),

et cette vie est éternelle : « qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui » (v. 15).

Il est donc possible de nous ouvrir aux autres sans nous sentir menacés : « Si quelqu’un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin » (v. 17), et de tout donner pour eux, jusqu’à notre propre vie : « Nous avons connu l’amour, en ce que celui-là a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères. » (v. 16).

 

Pour Jean, la solidarité se situe donc de cette opposition entre la vie et la mort.

Aimer, c’est faire un choix.

Il s’agit de « choisir d’aimer », comme disait frère Roger. Il s’agit donc de choisir la vie donnée par Jésus, plutôt que la mort proposée par le monde.

Aimer, c’est vivre et faire vivre et évidemment, vivre de la seule vie véritable, celle qui est éternelle.

 

En lien avec notre première soirée, il s’agit donc de la  recevoir toujours à nouveau et de la communiquer aux autres qui sont pauvres comme nous. Voilà, pour Jean, la vraie solidarité.  Certains chrétiens de l’époque de Jean vivaient dans une sorte de mysticisme qui les faisait mépriser des gestes comme ceux d’ouvrir son cœur et de partager ses biens (v. 17).

Mais saint Jacques le dira : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? » (Jacques 2, 14). 

Le chrétien se laisse toucher par la misère très concrète qu’il voit et il cherche des moyens pour y faire face.

 

Mais, et c’est une fameuse nuance, Jean lie cette nécessité de prouver l’amour par des actes à un pressant appel à aimer « dans la vérité » (v. 18).

Par là, il ne veut pas tellement dire que l’amour doit être sincère. Il va plus loin que cela.  Le mot « vérité » renvoie chez lui à ce que Dieu a fait entrevoir de lui-même, à la façon dont Jésus a révélé ce qu’est l’amour (v. 16).

Et donc, pour deviner tout ce qui est contenu en ce mot, nous avons à regarder longuement l’exemple de Jésus,

- lui qui ne s’est jamais mis au-dessus de ses frères,

- lui qui, en plus, n’a pas hésité à donner sa vie.

On pourrait résumer notre passage en disant qu’aimer, c’est faire le choix de la vie et de la vérité, comme et à la suite de Jésus.

 

Si aimer est un devoir pour le chrétien, un commandement, comment nous pénétrer toujours plus de cette certitude que rien n’est plus beau que d’aimer, puisque l’amour triomphe de la mort ?

 

Comment enraciner toujours plus notre amour des autres dans la vie véritable ?

Comment l’orienter selon la vérité de l’Évangile ?